Si seulement tu avais pu naitre avant…
Lorsque la Lune veille sur Erèbe, on se dit alors qu'elle veille sur nous. Des nuits perdues dans les fils de notre temps. Nous les tissons sans jamais les délier. C’est comme ça que tu es née. Une belle naissance. Un être venant polluer un peu plus le cœur des Hommes. Sur un continent oublié alors de tous. Le Repère. Un continent que personne ne voulait plus fouler. Les ombres étaient venues hantaient le champ des esclaves. Quelles étaient ces gloires dont on ne se souvenait plus ? Les guerriers, les croyants, les manants qui avaient pu fouler ce sol ne se souvenaient de rien. L’’Histoire de ton peuple. L’Histoire qui coule dans tes veines, un torrent de passé. L'Histoire des Lycan. L’avenir de cette race ne serait qu’à écrire, avec des tache de sang. Avec des larmes encore tant salées.
De deux âmes unis, celles de tes parents. Tu n’avais pas encore poussé un seul souffle, pourtant ils t’aimaient déjà. Ils le sentaient au plus profond de leurs entrailles. Tu étais le soleil qui se lève sur leur terre. Tu avais un regard qui attesté de ton innocence. Sur un continent qui ne connaissait pas de repos. Tu étais la surprise de leur vie, leur bonheur ultime. Puis tu te mis à pleurer. Ton père posa alors un doux baiser sur ton front, signe de son approbation à ton existence.
-Tu es ma merveille… Héra.Sa voix se cassa dans tes cris. Tu venais de naitre. Prête à affronter une vie. Ta vie contre la lune qui frapperait encore Erèbe.
Si seulement tu avais pu apprendre encore…
Les pluies. Les vents. Les tempêtes. Le temps. Les années défilèrent alors que tu grandissais. Tu étais l’ange aux yeux bleu. Vivante parmi l'un des peuples les plus sauvages. Les Lycans. Tu apprenais les jeux à travers la foret du domaine de tes parents. Ils avaient décidé de vivre en autarcie, en marge des autres meutes. Tu ne manquais de rien. Même pas d’amour. Tout le monde aurait pu t’envier ton bonheur. Tu étais émerveillée alors par chaque vie qui t’entourait. L’air sentait bon, l’herbe humide de la rosée du matin. Tu vivais dans un endroit reculé. Loin de l’influence néfaste des autres. Seuls. Tes parents étaient de nobles fermiers. Ton père avait échappé à la corruption grandissante des clans. Ce monde était le tiens et rien ne semblait pouvoir le détruire. Tes rires, tes joies étaient sans limites. Comme si le bonheur avait élu domicile au creux de ton cœur, encore bien jeune.
Tu étais assise devant cet immense lune qui t’avais vu naitre. Etait-il trop tard ? Etait-il trop tôt ? Ton visage baigné dans une pale lumière. Tes yeux scrutés l’horizon, cette interminable étendue verte. Le berceau de l'obscurité.
-Que regardes-tu ?Ton père posa alors sa main sur ton épaule. Son sourire se croisa au tiens. Paisible comme à son habitude. Tu l’admirais. Ta petite voix d’enfant s’éleva alors dans l’air.
-Je regarde ce qui est beau…-Rien n’est plus beau que ton sourire.Il te pinça la joue et te ramena vers lui avec amour. Tu entendis son cœur.
-Un jour viendra, ou tu devras franchir cette immensité pour vivre ta propre vie. -Je veux jamais partir, papa…-Il le faudra pourtant un jour…Il t’embrassa sur le front. Comme le jour de ta naissance. Tu étais son bien le plus précieux. Mais il savait dès lors que tout ne se passerait pas comme tu le souhaiterais.
Si seulement tu m’avais écouté…
-Je refuse !Ta voix claqua dans l’air. Tu avais violement frapper du poing sur la table. Ton père se tenait alors devant toi sur sa chaise. Il avait ce regard distant que tu n’avais jamais vu. Son air presque froid te serra la gorge.
-Ecoute-moi, Héra. Ta mère est moi ne pouvons plus vivre... Surtout avec l'arrivé de ton petit frère... Il faut que tu partes... L'argent que nous récolterons nous permettra de te racheter par la suite...-Je viens de vous dire non !Tu crias plus fort pour tenter de ne pas entendre les mots de ton père. Il t’avait tout appris. A lire. A écrire. A aimer. Aujourd’hui il n’était qu’un simple tyran qui t’imposer ses choix. Tu avais envie de pleurer, ton cœur voulait déchirer ta poitrine. Tu te sentais si seule face à ton propre père, comme si toutes ses années n’avaient servi qu’à une chose : t’élever pour te vendre. Toi qui connaissais si peu le monde extérieur. Tu avais lu des histoires d’amour, ta vie tu ne la voyais pas ainsi, tu ne te voyais pas esclave. Pas prête à obéir à qui que ce soit pour une simple bourse. Ton regard noir ne lâchait pas ceux de ton père.
Il reprit d’une voix plus calme en posa sa main sur le bureau.
-Je ne te demande pas ton accord. Depuis le jour de ta naissance, je t’ai aimé. Je t’ai appris tout ce que tu avais à apprendre. Tu es ma fille, mais comprends bien que ta condition ne te permet pas de reprendre le domaine. Ton frère prendra ma place lors de ma mort, et pour consolider l’alliance avec nos voisins cette vente est une nécessité.Sa voix glaciale semblait presque irréelle, tu ne le reconnaissais pas. Tu déglutis difficilement. Avant de continuer à protester.
-Je ne le connais même pas, je ne sais pas qui est ce…-Thorolf Gunnar.-Déjà ce nom ne m’inspire pas confiance, mais…-Pas de mais, c’est ainsi. La vente aura lieu dans une semaine.Si seulement tu avais pu être plus docile…
Les terres de ton ‘maitre’ n’étaient pas aussi vertes que celle de ta famille. Quelle famille ? Tu étais maintenant seule. Tu avais chevauché au côté d’une bande de bandits. D'une bande de Lycan sombrement sauvage. Ce ‘clan’ qui semblait plus être des malfrats qu’autre chose. Thorolf lui était certainement l’homme le plus laid que tu avais croisé de ta vie. Très grand. Trop grand. Une figure balafrée. Des dents jaunes. Une longue cicatrice lui barrait le visage. Le Lycan par excellence. Sans aucune grâce, se rapprochant plus du porc que de l’homme. Tu le regardais avec dégout. La vente n’avait pas été encore consommé et tu aurais préféré mourir durant le voyage.
-Votre voyage se passe bien ?Une voix caverneuse te tira de tes pensées. Il était à côté. Sur son immense cheval noir. Tu étais un misérable insecte face à cette montagne. Pourtant tu levas le menton en regardant droit devant toi. Ne daignant pas répondre à cet homme. Le colosse émit alors un petit rictus.
-Vous vous prenez peut-être pour une princesse, pour ne pas me répondre. Vous n’avez pas lâché un seul mot depuis que nous sommes partis. Ma compagnie vous déplait-elle à ce point ?Tu le fusillas alors du regard.
-Je m’en serai bien passé en effet.-Pourtant aujourd’hui vous êtes ma propriété, alors si vous voulez économiser votre salive jusqu’à la fin de nos vies, grand bien vous fasse. Mais le temps va vous sembler bien long, comtesse. Si seulement tu avais fermé ton cœur…
Les premières années furent difficiles. Tu avais eu du mal à t’adapter à cette vie. Thorolf était pourtant loin d’être ce monstre que tu t’étais inventé. Il était au contraire l’inverse de l’ogre dans tes rêves. Il n’avait pas de suite consommer la vente, il t’avait laisser t’adapter à la vie entre les siens. Tu te demandais parfois s'il ne te prenait pas pour plus qu'une simple esclave... D'ailleurs tu étais la seule à avoir ce titre. Tu étais son 'unique' comme il aimais à dire. C’était un petit clan, assez primaire mais des plus sauvage. Ils vivaient en terrassant les autres villages aux alentours. Pourtant tu avais éveillé en leur chef une douceur qu’il ne connaissait pas lui-même. Tu étais plus que son esclave et au fur et à mesure des jours ses airs abruptes te séduisirent. Tu le regardais avec amour. De l’amour. Tu l’aimais. Il devenait chaque jour l’homme que tu avais attendu depuis ta plus tendre enfance. Ses airs sauvages commencèrent à te faire vaciller. Un coté plus sombres de toi s’éveilla, sans que tu ne t’en rendes vraiment compte.
Tu commençais à tolérer les tortures que pratiquaient le clan. Les cris des prisonniers étaient devenus mélodie à tes oreilles. Et lorsque tu mangeas ton premier humain c’est avec la plus grande excitation que tu te baignas dans son sang, avec Thorolf. Tes besoins charnels devinrent plus violents. Il était alors là pour y subvenir. L’enfant que tu étais, était alors totalement partis. Le clan t’accepta alors entièrement.
Tu plongeais dans une parcelle de ton âme aussi sombre que la nuit, tu avais laissé la lune se coucher pour naitre plus forte. Dans les bras de Thorolf.
Si seulement tu t’étais arrêté ici…
-Apprends-moi à tuer.Thorolf cracha alors la gorgée de vin qu’il avait amené à sa bouche.
-La princesse veut tuer ?Tu lui souris en lui caressant le torse.
-Je ne veux pas simplement apprendre à tuer. Je veux apprendre à être comme toi. La mort est notre offrande à notre meute. Je veux que mon offrande soit encore plus forte. Je veux que la mort devienne un art. Thorolf t’attrapa alors par les cheveux en t’embrassant avec fougue.
-La princesse devient-elle plus cruelle que moi ?Tu lui souris de plus belle, en lui mordant la lèvre.
-Le temps nous le dira. Tu te tus un instant avant de poser ta tête sur son épaule. Un murmure. Une promesse.
-Je t’aime…Les mois qui suivirent furent ceux de ton apprentissage. Tu appris à combattre avec ferveur. Tu appris à torturer avec minutie. Tu naissais encore plus forte qu’avant. Les jours qui passaient te forgeaient férocement. Tu étais prête à mourir pour lui. Pour ton clan. Pour ceux qui t’apprenaient l’art de la guerre. Les carnassiers. La torture mentale. Tu te perfectionnais. Tu voulais être aussi forte que lui.
Si seulement tu avais pu rester dans le noir…
-Tu ne peux pas partir…-Ce ne sera pas long, je te promets.Tu le serras fort contre toi. Si tu avais pu savoir que c’était la dernière fois que tu le voyais. Tu l’avais laissé partir. Tu étais sure qu’il reviendrait comme à chaque fois. Pourtant lorsqu’il posa un baiser sur ton front, comme le fit ton père tu versas une larme.
Ce n’est que quelque jour après que la nouvelle arriva. Le grand Thorolf Gunnar était mort. Son corps n’avait pas été retrouvé et ses hommes te présentèrent son collier de dents. Tu ne voulais pas y croire. Tu ne pouvais pas t’y résoudra. C’est alors que tu décidas de partir. Seule. Le clan serait entre les mains du frère de Thorolf. Il fallait que tu le retrouves. Pour ton propre bien. Parce que ton cœur se refermerait à tout jamais. Tu fis tes adieux et parti sur la route.
Si seulement tu avais pu refuser…
Ton voyage semblait long. Les chances de le retrouver s’amoindrissaient d’heure en heure. C’est alors que tu te trouvais dans une auberge. Dans tes pensées comme à ton habitude. Les jours en solitaires ne t’avaient pas rendu plus sociable qu’avant. Tu étais devenue plus sauvage, plus méfiante et plus agressive qu’avant. Tu pris une gorgée de vin en pensant encore à Thorolf.
-Hé toi !Tu levas alors lentement les yeux en direction de l’ivrogne qui te pointait du doigt. Tu le fixais alors qu’il tentait de tituber vers toi. Il posa son coude sur la table en frôlant de tomber. Il puait l’alcool à dix pieds. Sa voix titubait autant que lui.
-Tu veux faire un tour avec moi ?Tu posas te recula doucement, comme pour prendre de l'élan. Tu seras les dents. Ce soir, tu n’avais pas envie de tuer. Mais s’il le cherchait…
-Du calme, mon frère.Un autre protagoniste se joint à lui en posa sa main sur l’épaule de ce dernier. Tu levas les yeux vers ce nouvel arrivant qui te jeta un sourire en poussant son compare Il fit un geste au tavernier.
-Deux pour moi et madame.Tu repris place en le scrutant avec méfiance.
-Quel est ton nom ?-Hér…Tu hésitas avant de dire ton prénom, devait-il vraiment le savoir ?
-Héra.Il te tendit alors une main en guise de sympathie. Du moins c’est ce que tu en déduis.
-
Thorbjorn, enchanté.Il posa un baisé sur ta main. Comme si tu étais une Dame. Thor.. Son prénom te serra le cœur avec effroi.
-Que fais-tu dans le coin ?Tu bus une gorgée, ne sachant pas vraiment pourquoi tu continuais à lui parler. Certainement pour son nom assez familier.
-Je cherche quelqu’un.Il acquiesça.
-Nous cherchons tous quelque chose…Tu fronças les sourcils. Cet homme était assez étrange et tu ne savais pas ce qui t’attirait dans ses paroles. Pourtant alors que la nuit défilait, tu ne cessas de parler et lui de même. Les heures s'enchainèrent et c’est lorsqu’il prononça sa dernière phrase que tu décidas de le suivre.
-Quoi que tu cherches, saches que l’avenir ne pourras te donner tout ce que tu désires. En revanche si tu veux faire ta propre histoire, rejoins-moi. -Ou ça ?-As-tu déjà vu les pierres précieuses des Mines de Joyau?Si seulement tu avais pu vivre cette vie...
Thorbjorn te fit alors voyager, ce Mahr avait une certaine forme de délicatesse qui te semblait tout à fait nouvelle. Il était le propriétaire d'une Joaillerie au seins du Creuset, dans l'Abîme. Héra n'était jamais allée aussi loin, l'air chaud lui posait problème. Elle mit un assez long moment pour s'habituer à la chaleur. La Joaillerie l'Opale de feu était assez reconnue sur Erebe pour être toujours pleine et emplit de bijoux de couleurs incroyable.
Héra se sentit de suite à l'aise avec cette univers, et même si Thorbjorn se servait d'elle pour se nourrir et assouvir ses besoin, il n'en restait pas moins des plus respectueux. Loin d'être cruel, il permettait néanmoins à Héra de s'offrir des séances plus violentes, sachant qu'elle aimait souffrir. Cette nouvelle vie était une aubaine pour elle, à la fois bien entretenue, propre et toujours bien vêtue. Héra n'est pas prête de quitter cette joaillerie et la vie luxueuse dont elle se délecte.